FAR de Morlaix - Festival Arts de la Rue édition 2007

Ronan Tablantec - cirque cynique et maritime

Tablantec à bon port

Une gouaille jamais éteinte, une tchatche indestructible, ce spectacle « seul en rue » de Sébastien Barrier étonne, choque par moments, mais finalement séduit et offre au public une heure, souvent plus, de franche rigolade. Une bonne tranche de second degré, pas de pause et presque aucun artifice : le festival verbal de Ronan Tablantec se suffit à lui-même.

« Né d'un père absent et d'une mère agitée », affublé d'un ciré jaune à queue de pie et d'une boîte de sardines, ce drôle de marin originaire de Douarnenez, le pays des Penn Sardine, connaît la Bretagne comme sa poche et s'invite au Far de Morlaix pour parler de lui, mais aussi de vous et de la Bretagne, toujours sur un ton caustique mais jamais ennuyeux. « Cirque Cynique et Maritime », c'est une heure de paroles plus ou moins sensées qui nous fait passer de la Sarthe, d'où est originaire Sébastien Barrier, à Ouessant, en passant par Douarne ou le Pas-De-Calais. Et surtout, n'essayez pas d'avoir le dernier mot, il vous échappera obligatoirement.

Devant le musée de Morlaix, le spectacle part dans tous les sens à la seule volonté du clown : il n'hésite pas à interpeller une membre du public qui se plaint du son trop faible, les personnes à leur fenêtre, mais aussi les élus dont le maire de Morlaix qui, d'après ses dires, aurait eu une nuit agitée la veille !

Invitant les enfants à s'asseoir près de lui, mais surtout « à moins de trois mètres de son repère affectif », qui peut être ses parents où ici à Morlaix, « un psychologue, un ostéopathe ou un juge d'application des peines », il revient également sur la genèse du spectacle qui lui permet de « gagner beaucoup de pognon » et promet aux petits, mais aussi aux grands, des performances circassiennes dont un numéro de fouet qui l'a rendu « célèbre en peu de temps en Bretagne ».

Pas de pause, tout est sujet à rires et brimades. Avec sa valise pleine de souvenirs, il égratigne certaines de nos « institutions » culturelles, et rend des hommages assez particuliers, notamment à la SNSM et à Michelle Bachelet, présidente du Chili, d'où est originaire sa femme, et qui est à ce pays « ce que Ségolène Royal aurait pu être à la France, sauf que Michèle,... Elle est de gauche !! ». Il nous montre aussi ses souvenirs de tournée : ici, un chausson trouvé à Vieux-De-Condé, un petit pull trouvé à Chatillon-Sur-Indre... Mais encore une fois, le cynisme de Tablantec refait surface !! Grâce à l'aide de deux enfants, l'infatigable orateur nous donne un cours de géographie pas commun, passant du phare d'Eckmühl au Cap de la Chèvre, de la Pointe du Raz à l'archipel de Molène et ses VRAIS phoques (pas comme dans un certain parc de découverte des océans pas très loin de Morlaix...), « et même si c'est ennuyeux, n'oubliez pas que c'est gratuit !». Entrecoupé d'un numéro de matellotage circassien, un noeud de la croix du marin les yeux fermés, le public plonge les yeux fermés dans les pièges « absolument drôles et absurdes » de Tablantec.

Le spectacle ayant dépassé l'horaire prévu, il se finit sur un numéro de jonglage sur un air de chant traditionnel sarthois, mais pas de numéro de fouet : il promet de le faire le lendemain. Courrez-y, et « si vous avez des amis, parlez-en autour de vous. Si vous n'en avez pas, changez vite de comportement !! ».

Texte : Mathieu Nihouarn