FAR de Morlaix - Festival Arts de la Rue édition 2007

Le P’tit Cirk - Tok

Une parenthèse d’intimité et de poésie clownesque de toute beauté

Dans un décor intimiste à l’éclairage tamisé par un seul lampadaire, la scène est entourée de murs aux teintes rouillées et d’un petit kiosque à musique où un joueur de bandonéon siège jovialement.

Parmi les protagonistes, Madame colonel dirige son petit monde par des gestes saccadés et une posture raide comme un morceaux de bois. Monsieur groom exécute les ordres tant bien que mal et Monsieur contrebassiste donne vie aux objets quand il joue.

À mi-chemin entre clowneries et gestuelle empruntée au cinéma muet, Tok propose d’entrer dans son univers où la finesse va de pair avec la plaisanterie. En l’espace de quelques minutes, ses personnages attachants nous font revenir à l’enfance et savourer avec rires et sourires tous leurs petits instants de vie.

La poésie et la beauté prennent tout leur sens lorsque Madame Colonel dévêt son accoutrement pour laisser voir d’elle une femme douce, souple et à la voix magnifique. Tok prend une autre tournure et fait monter en puissance les dessous cachés de l’âme. Sur un air de tango, nous découvrons Madame sous un autre angle. Sur un trapèze, elle s’enroule, se déroule, tourne, monte, descend, toujours lentement, langoureusement, habilement comme pour une danse. De son for intérieur, elle offre tout en dansant dans les airs un chant lyrique très émouvant et exaltant. C’est à ce moment-là que la montée en puissance de la beauté et de la poésie donne tout son sens au spectacle, vrai bijou de délicatesse.

Tok est un spectacle muet où tout est si expressif qu’il n’y a pas besoin de dialogue. Les objets parlent d’eux-mêmes, les personnages aussi et leurs actes n’ont pas besoin de commentaires, ils réclament seulement des rires et des visages illuminés.

Texte : Carole Michel