Accueil Le FAR du Pays de Morlaix 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 Le Fourneau - Centre National des Arts de la Rue en Bretagne Le Blog Les vidéos 2010

Bebert et Lolo - Deux acteurs qui ont du chien

Publié le samedi 7 août | 17h22

Bébert et Lolo ont beau jouer dans la rue, ce sont deux acteurs qui ont du chien : Lolo porte une redingote noire, un pantalon crème et des lunettes à monture d'écaille ; Bébert est vêtu d'une livrée d'un noir de jais très seyante. Admirés, vénérés sur les scènes les plus prestigieuses de la planète, ils offrent en toute modestie au pied de l'église St Matthieu de Morlaix une prestation hautement digne des artistes complets qu'ils savent être en toutes circonstances.

En scène Lolo et Bébert sont deux artistes qui sont un peu comme chien et chat sauf qu'ici le chat est un homme. Ce n'est pas plus mal. Surtout pour le chien Bébert parce qu'il peut se jouer de son compagnon de scène sans risquer les coups de griffes. En revanche, des coups, Lolo en donnerait volontiers à son seau, son balai, son micro, son pupitre à partitions... tous objets un peu taquins, récalcitrants voire rebelles quand Lolo souhaiterait qu'ils obéissent au doigt et à l'oeil avant de lancer son spectacle.

Sous la façade de l'église St Matthieu les gargouilles sculptées sont attentives et dans le public un caniche noir bout d'impatience. On le comprend : attendre une star est une souffrance de tous les instants. En l'occurence, la star du soir c'est Bébert Von Karavan qui, pour être ténor n'en est pas moins chien. Ou l'inverse. Lolo Ma Non Troppo lui a déroulé le tapis rouge. Il est son compagnon de scène ou, disons, l'être humain complice, chargé de réguler le spectacle afin de passer sans encombre du tour de chant aux acrobaties. Parce que, vous l'aurez compris, nous avons à faire à un spectacle total et l'abondant public présent ne s'y trompe pas. Ainsi quand Lolo joue le Beau Danube Bleu du divin Strauss dans sa version pour harmonica, ce sont les ponctuations savamment aboyées de Bébert qui ravissent les spectateurs et déchaînent les applaudissements. La partie musicale comprend aussi une partition contemporaine pour toy-piano et chant que Bébert exécute avec une telle maestria que, dans la foule, le caniche noir n'y tient plus et, faute de pouvoir applaudir, il exulte et aboie à rompre la laisse qui le retient cruellement.

Quand, ensuite, Lolo annonce le chapitre des acrobaties, dès les premiers instants, le jeu des figures et des ruses de Bébert nous rassure tous, y compris le public mélomane un peu frustré. Ils sont à la hauteur de nos espérances les plus folles. Et c'est là, en regardant les pirouettes, les roulades et les sauts que l'on comprend à quel point ce chien noir au nom si noble, Bébert Von Karavan, domine la scène de sa prestance, de son adresse, de son aisance. Et l'on voit jusqu'où rien ne lui fait peur, et surtout pas les passages répétés dans un cerceau de feu sans feu ! Mazette, on en frissonne encore !

Au final quand on se retire avec le public enchanté, tous formats confondus, on se demande comment vivent ces deux artistes quand ils quittent scène et costume, quand ils rangent leurs instruments de musique et leurs jeux... Mais on le sait trop bien et on peut le dire ici, maintenant que le FAR 2010 est fini : comme Wallace et Gromit ils ne rêvent que d'une chose : aller jouer sur la Lune !

Texte : Pierre Abgrall


Le Fourneau - Centre National des Arts de la Rue en Bretagne Contacts Accueil