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Entretien avec Jean-Pierre Estournet et Abdul Aziz Soumaïla

Publié le jeudi 5 août | 15h15

« Bonjour, voici Aziz, et moi c'est Jean-pierre » en réalité c'est Aziz qui parle et voici Jean-Pierre. Ils sont photographe sur le FAR 2010. On peut les trouver dans les rues de Morlaix depuis hier, devant un spectacle, ou plutôt, derrière leur appareil photo.

Bonjour, Jean-Pierre et Aziz en deux, trois mots, comment vous définiriez-vous ?
Nous sommes des photographes voyageurs.

Vous, Jean-Pierre, êtes photographe depuis combien de temps ?
J-P : Environ 25 ans... Non... j'ai toujours été photographe, je suis né dans un bac de révélateur. Enfin, ça fait longtemps que je fait de la photographie.

Et vous, Aziz, vous avez rencontré Jean-Pierre en Afrique, c'est cela ?
A : Oui, en Afrique, en 1998, au Bénin. Mais je suis originaire du Niger.

Vous vous êtes rencontrés sur un spectacle ?
J-P : Non pas vraiment, en 1998, on a fait une tournée en Afrique dans 7 pays de l'Ouest avec la compagnie Footsbarn Travelling Théâtre, qui est une grosse compagnie, anglaise au départ, basée dans le centre de la France. Aziz était avec nous à ce moment là sur toute la tournée, il était lié au bus qui nous transportait. Il faut aller voir sur le site : footsbarn.com . J'habite avec eux depuis 15 ans, nous sommes allés déjà deux fois en Indes ensemble.

Et donc c'est Jean-Pierre qui vous a enseigné la photographie ? Vous touchiez déjà à la photo avant votre rencontre ?
A : Oui, mais c'était de l'amateur, je ne faisais pas de photos de spectacles et là j'ai rencontré Jean-Pierre.
J-P : L'idée à la base c'était qu'au Burkina, on m'avait demandé -- quelqu'un que je connaissais à Ouagadougou -- d'organiser des stages, de former des jeunes à la photographie, parce qu'en Afrique de l'Ouest il n'y en a pas, surtout de la photo de spectacle. On a donc essayé d'organiser ça, mais ça s'est jamais fait, il n'y a pas eu de moyens. Et donc quand j'ai rencontré Aziz, après la tournée, je me suis dit que j'allais l'inviter en France pour essayer de faire quelque chose ensemble, le former à la photo de spectacles pour ensuite travailler en Afrique de l'ouest. Dès l'été 1998 il est venu et je l'ai formé. Depuis il a très peu travaillé en Afrique, mais on échange depuis 13 ans, moi je vais là-bas et lui il vient en France surtout l'été sur les festivals.

Jean-Pierre vous travaillez avec votre appareil, un Leica, et vous Aziz en numérique, c'est ça ?
A : Un numérique, oui c'est ça mais aussi sur un Leica.
JP : Oui on est quand même branché noir et blanc, mais il se trouve que comme on travaille ensemble sur les même festivals ici, il est donc plus logique que l'un face de la couleur numérique et l'autre du noir et blanc plutôt que les deux le même support. Comme ça on se complète bien sur le montage. Et puis c'est vrai qu'en Afrique, c'est quand même plus pratique un appareil numérique.

Et donc pourquoi du noir et blanc ?
JP : Parce que pour moi la photo c'est du noir et blanc d'abord, ça fait 40 ans que je fais de la photo. On peut le développer soi même. On voit pas la même chose en noir et blanc qu'en couleur. Le noir et blanc c'est la lumière sur la matière. La couleur c'est trop réaliste, c'est trop violent.

Donc pour vous, la photographie, ça ne retranscrit pas la réalité ?
JP : C'est une interprétation de la réalité.

Et vous c'est plutôt de la couleur ou du noir et blanc ?
A : Moi aussi je préfère le noir et blanc mais en Afrique je fais de la couleur parce que c'est pas facile à développer, les produits chauffent et il y a trop de poussière pour les pellicules, ça les abîme. Quelquefois ici aussi on fait de la couleur, car souvent ils veulent les photos tout de suite.
JP : En générale je refuse de faire des tirages trop vite pour ce qui est du noir et blanc, ce n'est pas la même technique, il faut prendre le temps de réfléchir, de regarder ça à tête reposée. Le numérique c'est du consommable immédiat et souvent les gens vont très très vite et jettent au fur et à mesure des choses intéressantes. Tandis que le négatif, il y a un support physique qui existe, on peux revenir en arrière.

Quel est votre rapport au FAR de Morlaix ?
JP : C'est la 3eme année que l'on vient. Je connais le Fourneau depuis 20 ans et récemment j'ai retravaillé avec eux et j'ai vu ce qu'ils étaient devenus au niveau multimédia. J'ai donc préféré m'adresser au Fourneau pour construire un site où seront mes archives mise à disposition pour le public. L'été on travaille sur les festivals, Aurillac, Sotteville-lès-Rouen... et Morlaix ça m'intéressait en tant que festival en Bretagne, c'était un temps fort et c'est là qu'on peux vraiment intervenir.

Cette année vous exposez dans le chapiteau ZEPA, c'est ça ?
JP : Oui c'est ça, mais c'est essentiellement mes photos car celles d'Aziz n'ont pas été agrandies. Ce sont les photos des deux dernières années au FAR. Elles ont étés tirée dans mon camion, c'est du tirage négatif. Cette année nous assisterons à tout, plus ou moins si ça nous plaît ou ça nous plaît pas. Ici on a le temps de tout voir, ça change de Aurillac et les autres.

Quelle est votre façon de travailler ?
JP : On a une façon particulière de travailler, comme je le disais au début, on est des photographes voyageurs, on est réellement en itinérance, c'est à dire qu'on a le camion labo, une caravane et on travaille sur le terrain. Je n'ai pas de maison, j'ai un point fixe dans l'Allier, à Hérisson, dans un camping avec la compagnie Footsbarn Travelling Théâtre qui est itinérante aussi. C'est pour ça que je vis avec eux, car on a le même mode de vie.

Vous êtes nomades en fait ?
JP : On est un peu comme les Gitans ou les Rom même si c'est pas de famille mais on peut le voir comme ça. J'aime retourner dans l'Allier car j'y ai mes amis, des repères mais quand on est nomade on est bien partout, et puis quand on est pas bien on s'en va, on a sa maison avec soi.
A : On est tout le temps ensemble, tant que je suis là en France, on est tout le temps ensemble.
JP : Il y a un autre photographe aussi, nous sommes trois. Charles Poisson, qui est un jeune photographe. Il voulait se lancer lui aussi dans l'itinérant, il est à Namur en ce moment. Ça fait environ 6 mois qu'il est vraiment dedans avec son propre laboratoire dans son camion et il travaille aussi en noir et blanc argentique.

Vous avez d'autres projets ?
JP : Oui cet hiver on descend en Afrique par la route avec 50 comédiens, Aziz et Charles. Il y aura Aurillac aussi, on l'on travaillera tous les trois ensembles sur le festival « ECLAT » avec plus de 450 productions, c'est une autre dimension.

Toutes les photos sur photographes-nomades.net.

Texte : Loeïza Renaut.
Photo : Julien mazé


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