L'espoir en mouvement
Calle Obrapia #4, Ex Nihilo
Rue du palais. Une rue étroite parmi tant d'autres, occupée à ses deux extrémités par le public. Quelques transistors ici et là, mais surtout cinq danseurs qui vivent, s'enlacent et se déchirent dans cet espace clos. Qui sont-ils? A quoi aspirent-ils? Ces questions sont ouvertes, posées à chacun des spectateurs.
Dans Calle Obrapia #4, le public est invité à partager une tranche de vie de ces cinq personnages dans l'attente. Qu'attendent-ils ? Peut-être une bonne nouvelle venue de l'extérieur, relayée par les radios se faisant échos aux quatre coins de la rue. Mais il ne se passe rien... Alors il faut fuir l'espace clos de la rue, sortir, s'élever plus haut en s'entraidant, en prenant appui sur les murs.
A chaque tentative, l'espoir en mouvement se heurte à la dure réalité, rebondit ou s'écrase, à l'image des danseurs sur le bitume. Puis lentement, la folie envahit les êtres, l'isolement tiraille les corps qui se tordent contre les murs, les trottoirs.
Créé à La Havane, dans la rue du même nom, Calle Obrapia #4 est un très beau travail chorégraphique, entre tendre fluidité et violentes ruptures, le tout soutenu par de lourds riffs de basse. C'est aussi un corps à corps intrigant, violent et émouvant, qui démontre avec talent que la danse contemporaine peut être exigeante, tout en restant accessible à un large public.
Une belle occasion d'initier son regard à la danse de rue et ses images...
Texte : Aurélien Marteaux
Photos : Eileen Morizur / lefourneau.com |